Une formation pour aider les enfants victimes de violences à témoigner
À l’heure de #MeTooIncest, une association bretonne propose une nouvelle méthode, pour accompagner l’enfant, avant qu’il soit entendu par la justice, sur les violences qu’il a subies ou dont il a été témoin. À Rennes, les gendarmes viennent d’être formés à cette méthode appelée Calliope.
Un hibou piqué de deux gros yeux jaune-orange, qui réconforte. Une autre marionnette qui mange les soucis.Pour rassurer un enfant, après des violences qu’il a pu subir ou qu’il a pu voir, ces peluches jouent le rôle d’ami et de grand sage.
Et pour préparer son témoignage devant un expert judiciaire, un enquêteur ou un juge, une nouvelle méthode, inspirée du Québec, préconise une série de rencontres « qui ont lieu avant. On parle de tout, sauf de la procédure. On vient donner des outils », expose Laurence Brunet-Jambu, à l’origine du projet Calliope et présidente de l’association bretonne Alexis Danan, engagée dans la défense des droits des enfants et adolescents.
« Mon fils a acquis des nuances de discours »
« Grâce à ces rencontres, mon fils de 4 ans a acquis des nuances de discours. Ce n’est pas pareil de répondre « je ne sais pas » ou « je ne sais plus », par exemple, témoigne une mère, dont le garçon a subi des violences sexuelles. C’est important de pouvoir affirmer ce qu’on dit, surtout chez un enfant qui a été instrumentalisé. »
À Rennes, la méthode est enseignée aux enquêteurs de la Maison de confiance et de protection des familles. « Quand on lui demande : « Tu es sûr ? » un enfant peut se dire : « Mince, j’ai mal répondu, donc je vais faire une autre réponse… » » Céline Gougeon et Emmanuelle Vinayagasoundirame, deux formatrices, s’adressent à des gendarmes tout ouïe.
« Prendre confiance »
Pour l’audition, ceux-ci suivaient déjà le protocole du Nichd, une méthode de référence. En 2021, Calliope promet « une réelle avancée pour les enquêteurs, se félicite la maréchale des logis-cheffe, Cécile Peronnet. Certains enfants ou adolescents peuvent avoir des difficultés à verbaliser, soit parce qu’ils ont peur de la machine judiciaire, soit à cause du traumatisme vécu. On va aller les aider à prendre confiance. »
Il s’agit de leur donner des « super-pouvoirs » qui leur permettront de livrer un témoignage « efficace ». Laurence Brunet-Jambu sait déjà que la méthode a produit ses effets au Québec. La Bretonne avait mené une longue bataille pour sauver sa nièce, maltraitée et livrée par ses parents à un ami qui la violait. Les trois ont été condamnés par la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine.
Avec Calliope, elle souhaite que la parole de l’enfant soit « mieux » recueillie par la justice, moins brutalement. « Trop souvent, le professionnel attend que l’enfant réponde comme un adulte. Or, il faut respecter et écouter ses mots d’enfants. »
Sources : https://www.ouest-france.fr
Ce protocole est désormais possible avec l’association Alexis Danan-Enfance74 à Annecy (74000)